Homélie du dimanche 4 février 2018 par le frère François
Enregistrement sonore :
Texte :
04/02/2018 Semaine 5, Année B
Malades et évangélisation, les deux thèmes de ce dimanche réunis dans ce passage d’Évangile. Maladie et déchéance de Job sont le thème de la première lecture, avec pour toute fortune un tesson pour gratter ses escarres sur son tas de fumier, nécessité pour Paul d’accomplir la mission que le Christ dans la deuxième lecture et guérison et dynamique de la mission ici réunies dans l’Évangile.
L’homme n’est pas seulement malade de corps mais également de cœur et Jésus, vrai Dieu et vrai homme, est venu guérir tout l’homme corps et âme : « Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en abondance. » Jn 10, 10 Ne spiritualisons pas trop facilement. Il est bien des maladies graves qui débilitent l’homme en son entier, pourtant la vie n’est enfermée ni dans les limites contingentes de notre héritage génétique, ni dans le hasard des contaminations microbiennes ni dans un accident imprévisible. Ce serait trop injuste. La surabondance que promet Jésus dépasse de loin les projections médicales les plus folles. Quand il voit ou qu’on lui amène des malades aux corps débilités et souffrants il les soigne mais avec cette caractéristique qui n’est plus du ressort du corps médical : « Tes péchés sont pardonnés, va et désormais ne pèche plus… ». Cela a-t-il disparu avec l’Ascension de Jésus ? Non car il donne se pouvoir aux Apôtres et il nous a laissé le sacrement des malades, sacrement qui produit toujours des effets guérissants, non seulement pour le corps mais aussi pour l’âme. Ainsi après l’onction d’huile le prêtre dit : « Ainsi vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »
C’est qu’il y a une blessure encore plus profonde en l’homme, une blessure immatérielle et mortelle, celle du péché qui peut paraître anodine, mais qui porte un germe de mort éternelle. Déjà l’auteur du livre des lamentations disait plus de 500 ans avant Jésus : « Malheur à nous, car nous avons péché! Voilà pourquoi notre cœur est malade. » Lm 5, 17.
Or, cette maladie mortelle exige une campagne prophylactique hors du commun car tous les hommes sont atteints de ce mal incurable. Voilà pourquoi la Parole de Dieu s’est incarnée et Jésus ne se contente pas de guérir les corps de quelques-uns, localement, mais il se sent poussé par l’Esprit à apporter la guérison à la terre entière, par l’inoculation de la vie divine alors que les forces des ténèbres avaient inoculé la mort. Il désire offrir la vie plénière et éternelle au monde entier, à tous les hommes. Et cette vie plénière c’est l’Évangile. La bonne nouvelle de la vie divine, de sa propre vie, que Dieu nous offre.
Cette thérapie il désire l’accomplir non pas seul mais en y associant les Apôtres, des missionnaires sa vie qu’il choisit. Ce fut le cas de Paul dans la deuxième lecture : « Annoncer l’Evangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile! » 1Co 9, 16.
La mission est une exigence demandée par le Seigneur à retrouver et à cultiver. Regardez les saints les plus contemplatifs que l’on pourrait croire éloignés des soucis de l’évangélisation ont été rongés par ce souci de propagation de la Vie. Prenons comme exemple, une fois de plus sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. L’amour vrai ressemble à celui de Jésus, il désire la vie pour tout le monde et cela conduit à désirer devenir offrande à son amour miséricordieux. « Laisse en moi ta divine empreinte de tes traits remplis de douceur et bientôt je deviendrai sainte j’attirerai à toi les cœurs. » Thérèse de l’Enfant Jésus PN 20, 5. Ainsi la mission, quelle qu’elle soit, n’est que si elle est en inclusion dans celle du Christ, qu’elle soit holocauste d’amour d’une contemplative ou holocauste d’un missionnaire. Si notre mission n’est plus appuyée sur nous-mêmes, mais sur l’abandon au Christ on échappe au découragement.
À contrario il est une maladie de l’âme grave qui guette autant ceux que l’on doit évangéliser que l’Apôtre, le missionnaire : la tiédeur. Elle replie sur le moi, des fois que cette médication de vie dérangerait notre vie confortable ! Les symptômes en sont un repli confortable et égoïste, dont un des signes sémiologiques est une kératinisation de l’âme qui ne laisse plus rien passer de ce qui pourrait déranger son confort. Le missionnaire ne peut alors rien faire, il ne peut pas offrir de guérison : « Mais en quelque ville que vous entriez, si l’on ne vous accueille pas, sortez sur ses places et dites: Même la poussière de votre ville qui s’est collée à nos pieds, nous l’essuyons pour vous la laisser. » Lc 10, 10-11. Dans cet enjeu les démons sont actifs ils murmurent toujours des choses égoïstes poussent à la consolidation de cette carapace que Jésus est venu briser.
Ainsi la guérison principale est invisible. Elle demande de se laisser aimer et de nous laisser entraîner dans la dynamique de son amour salvateur, pour devenir d’autres Christ en se laissant entraîner en Lui et par Lui.